Et sache, O serviteur d'Allah, que si tu utilises ta santé et ton temps dans l'obéissance à Allah, puis que tu tombes malade ou qu'il faille que tu partes en voyage, les bonnes œuvres que tu avais l'habitude de faire étant bien portant et sédentaire, te seront tout de même comptées, comme l'a souligné le Prophète r :
"Si le serviteur tombe malade, les bonnes actions qu'il avait l'habitude de faire étant bien portant et sédentaire lui seront comptées" (Bukhari 6/136/2996).
Cependant, la plupart des gens sont insouciants à ce sujet.
C'est aussi la raison pour laquelle le Prophète (SAW) a dit : "Il y deux bienfaits au sujet desquels beaucoup de gens sont mystifiés : la santé et le temps libre" (Bukhari 11/229/6412). Et la mystification dont parle le hadith concerne en fait le commerce : on dit qu'une personne en a mystifié une autre si elle s'est jouée d'elle. Le Prophète a donc voulu expliquer que la personne réellement dupée est celle bien-portante et ayant du temps libre, mais qui pourtant ne tire pas bénéfice de ces deux bienfaits. En fait, elle est semblable à une personne possédant un joyau d'une grande valeur et qui l'aurait vendu en échange d'un crottin sans valeur.
Ibn Battal a dit : "Le sens du hadith : une personne ne peut avoir du temps libre que si elle est bien portante. Quiconque donc détient ces deux bienfaits, qu'il s'assure de ne pas faire partie des dupés, ceux qui ne remercient pas pour ce qu'Allah leur donne comme bienfaits. Et fait partie de la reconnaissance le fait de suivre les ordres d'Allah et de s'éloigner de ses interdits. Quiconque délaisse cela est une personne dupée."
Ibn al-Djawzi a dit : " Une personne peut être bien portante sans pour autant avoir du temps libre, en raison des occupations inhérentes à son travail qui lui permet de gagner sa vie. Et une autre peut ne pas avoir besoin de travailler sans pour autant être en bonne santé. Si par contre ces deux bienfaits coïncident chez la même personne, mais que la fainéantise l'empêche d'en profiter, la voilà la personne dupée. En effet, ce bas-monde est un champ à semer pour l'au-delà, et un lieu de commerce dont les bénéfices apparaîtront dans l'au-delà. Quiconque donc utilise son temps libre et sa santé dans l'obéissance à Allah, c'est lui le bienheureux. Quant à celui qui les utilise dans la désobéissance d'Allah, il est certes dupé. Car le temps libre est toujours suivi de l'activité et l'occupation. Et la maladie fait toujours suite à la santé."
At-Tibi a dit : "Le Prophète r a comparé le musulman à un commerçant qui possède un certain capital. Ce commerçant recherche donc le bénéfice tout en conservant ce capital. Le moyen utilisé sera donc de choisir les interlocuteurs appropriés lors d'une transaction, de savoir se comporter avec eux, et d'être sincère et intelligent pour ne pas être perdant. La santé et le temps libre sont ce capital. Et il convient au musulman de se comporter avec Allah avec foi, endurance de l'âme et de combattre l'ennemi de la religion (Cheytan) afin de gagner le bénéfice de ce bas-monde et de l'au-delà. Il est nécessaire aussi de s'éloigner des désirs de l'âme et des transactions avec Cheytan, afin de ne pas perdre le capital, ce qui est une grande calamité" (Voir Fath El-Bari 11/231).
Bukhari a cité ce hadith dans son Sahih au début du chapitre "Ar-Riqaq", hadith qu'il a fait suivre par le hadith suivant rapporté par Anas (ra) d'après le Prophète r : "O Allah ! Il n'y a de vie si ce n'est la vie de l'au delà" (Bukhari 11/229/6492, rapporté de même par Muslim).
Ibn al-Munayir a dit : " La raison pour laquelle le hadith de Anas a suivi le hadith d'Ibn Abbas est la suivante : « beaucoup de gens ont été dupés au sujet de la santé et du temps libre, car ils ont donné la préférence à la vie de ce bas-monde par rapport à la vie de l'au-delà. El-Bukhari a donc voulu montrer que la vie à laquelle ils ont donné la plus grande importance ne vaut somme toute rien du tout, et que c'est plutôt la vie qu'ils ont négligée qui est le véritable but. Quiconque s'occupe d'autre chose sera donc dupé."
C'est pour cette raison que les Salafs Salih (ra) étaient bien plus soucieux de la bonne utilisation de leur temps que nous. En effet, alors qu'en ce qui nous concerne, on trouve des personnes qui ne savent pas comment faire usage de leur temps, ou comment remplir leur temps libre (au point où on entend ce genre de phrases : viens avec moi pour tuer le temps, ou pour perdre notre temps), les Salafs Salih en revanche accordaient de l'importance à la moindre minute, voire à l'instant ou la seconde, et on les voit se conseiller mutuellement ce comportement :
Prenons l'exemple de Ibn Al-Djawzi (ra) qui dit à son fils : « O mon fils, "Quiconque dit Subhanallah wa bihamdihi (Gloire à Allah et à Lui la louange), un palmier sera planté pour lui au Paradis" . regarde donc celui qui gaspille ses heures : combien de palmiers a-t-il perdu ? ( le hadith en italique et entre guillemets est authentique et est rapporté par Tirmidhi 5/174/3531).
Et il a été rapporté de l'un d'entre eux que lorsque quelqu'un lui disait : arrête-toi afin que je te parle ! Celui-ci répondait : "dans ce cas arrête la course du soleil !"
Certains parmi eux, lorsque des invités venaient à l'improviste, et après les avoir accueillis d'une belle façon et les avoir honorés comme il se doit, et que les invités commençaient à tarder à vouloir s'en aller, leur disaient : "n'allez-vous donc pas partir ?" (afin de pouvoir faire usage de leur temps d'une meilleure façon !).
Parmi les choses dont le Prophète r a aussi ordonner de bien faire usage : la jeunesse.
La jeunesse est la période de la dépense et du combat, et c'est l'occasion en or dans toute la vie. Quiconque donc utilise sa jeunesse à bon escient a gagné et est sauvé, et Allah le placera sous Son ombre le jour où il n'y aura d'ombre que Son ombre. Et quiconque gâche sa jeunesse dans les plaisirs et les désirs aura perdu : s'il meurt dans cet état, il regrettera, s'il vieillit, il regrettera de la même façon. Car s'il meurt, ses actions seront finies, et s'il vieillit, son dos se courbera, ses jambes s'affaibliront, son ouïe et sa vue s'atténueront, et il n'aura donc pas la force de faire toutes les bonnes œuvres qu'il désirerait accomplir. Et quelle parole véridique que celle-ci :
"Si seulement la jeunesse pouvait revenir
afin que je lui conte ce que la vieillesse a fait de moi"
C'est donc à toi, serviteur d'Allah plein de jeunesse, que je m'adresse : que ta journée soit jeûne, que ta nuit soit prière, que tes pas te guident vers la mosquée, et prends garde à ce que ta journée ne soit amusement, que tes veillées soient distraction, et que tes pas te guident vers la désobéissance d'Allah. Si tu vis jusqu'au matin, n'attends pas le soir, et si tu vis jusqu'au soir, n'attends pas le matin, et fais bon usage de ta santé avant la maladie, et de ta vie avant la mort.
Quant à la richesse, elle fait partie des bienfaits d'Allah, et il est du devoir de celui à qui Allah a accordé ce bienfait de reconnaître la largesse d'Allah. Et la sagesse de cette largesse se trouve dans les propos du Prophète Souleïmane (AS) lorsqu'il vit le trône de Bilqis devant lui :
"Cela est de la grâce de mon Seigneur, pour m'éprouver si je suis reconnaissant ou si je suis ingrat" (Sourate An-Naml verset 40).
Il convient donc au serviteur de profiter de sa richesse, en donnant de ce qu'Allah lui a octroyé, et qu'il prenne garde de ne pas retenir la largesse dont Allah lui a fait part, et qu'il ne soit pas avare, car Allah a dit :
"Que ceux qui gardent avec avarice ce qu'Allah leur donne par Sa grâce ne comptent point cela comme bon pour eux. Au contraire, c'est mauvais pour eux: au Jour de la Résurrection, on leur attachera autour du cou de qu'ils ont gardé avec avarice. C'est Allah qui a l'héritage des cieux et de la terre. Et Allah est Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites." (Sourate An-Nissa verset 180).
http://www.chez.com/salafi/cinq_avant_cinq.htm